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Photo du rédacteurLe collectif du doute

Les Voix Libérées, victimes de leur mémoire ?

Mgr Jordy a déclaré, voulant dénigrer le CDD, que les Voix Libérées étaient victimes de leur mémoire. Il ne croyait pas si bien dire… mais pas dans le sens escompté. Les découvertes scientifiques sur les faux souvenirs [1] devraient plutôt laisser en alerte… avant que conscience sans science fasse la ruine de l’âme. Alors, pour ceux qui prennent le train de l’affaire en marche, attention, un agresseur peut en cacher un autre.


Qui n’a pas vu Minority report ? Dans ce film d’anticipation, les « précogs » (pour précognition), des voyantes en somme, visualisent à l’avance un délit imminent. Le héros, un policier, mène alors une enquête à partir des images vidéo directement reçues - on ne sait par quel biais technologique - du cerveau de ces « pythies » modernes. Avec les indices récoltés sur cette vision, les forces de l’ordre parviennent alors à retrouver et à arrêter un homme pour un crime… qu’il n’a pas commis - du moins pas encore.


Dans cette dystopie de Steven Spielberg très centrée sur le thème de la vision [2], un «rapport minoritaire» tiré d’une autre « précog » sert alors d’élément de preuve complémentaire pour établir la culpabilité de l’interpelé. C’est d’ailleurs cette autre source (manquante à un moment donné lors d’une affaire crapuleuse) qui fondera l’intrigue du film. En définitive, seuls des images ou représentations mentales servent à incriminer.


Comme tout serait simple si la mémoire fonctionnait ainsi, comme une caméra vidéo, pour livrer avec exactitude les détails servant de preuves suffisantes à une inculpation. Malheureusement, cette science-fiction n’a rien à voir avec la réalité. Et finalement, cette illustration tirée du cinéma traduit plus les croyances inquiétantes véhiculées sur la mémoire que la réalité établie par un consensus scientifique aujourd’hui peu diffusé, même s’il commence à dater.


Les spécialistes s’accordent à dire que la mémoire est un processus de construction établi en fonction de ses croyances, de ses valeurs, de ses buts, de ses conflits, de ses attentes émotionnelles… et, de la même manière, récupérer un souvenir correspond à ces mêmes éléments.


Au fondement de l’identité, la mémoire ancre le présent et anticipe le futur. Elle est la concrétisation consciente de son être et de son devenir. Elle rappelle qui l’on est et où l’on va. Elle construit la personnalité de chacun, jour après jour, en fonction de sa propre représentation (souvent valorisante), de sa place, dans le monde ou la réalité sociale environnante.


Mais, malheureusement, un problème s’impose à elle : heures après heures, le cerveau n’enregistre pas tout. La perception et l’enregistrement de la réalité sont toujours discontinus. Or, comme cet « organe » a horreur du vide et des contradictions, pour raconter une histoire passée, il mobilisera toujours une collection de perceptions et de sensations organisées à partir de bribes, de flashs, d’odeurs, de sons…, et comblera par l’imagination les manques (non enregistrés) pour constituer un souvenir complet. Même en inventant parfois des portions complètes, il reconstruit les souvenirs en fonction de l’expérience du présent. L’hippocampe, du reste, qui stocke les informations et les restitue ne fait pas la différence entre le réel et l’imaginaire. N’est donc gardée en tête que la signification profonde, le reste étant modifié en fonction du contexte de la réminiscence. Ainsi, se souvenir revient à reconstruire… et à faire des erreurs.


La mémoire est fragile, suggestible, malléable et reconstructible.

La mémoire est fragile, suggestible, malléable et reconstructible. Elle est « toujours en cours d’écriture et de réécriture, non seulement par nous, mais par d’autres [3]. » Elle est soumise en permanence à trois grandes influences modificatrices :


- Soi-même. A chaque fois que l’on y touche, le risque est grand d’abîmer le souvenir. Le cerveau détestant les trous, il remplace systématiquement les détails oubliés avec le temps. Alors, du moment qu’il paraît cohérent, il est alors « réenregistré » comme vrai [4].


- Les proches. Leurs détails s’ajoutent aux nôtres… leur imaginaire s’ajoute au nôtre et une vision erronée collective se substitue au réel.


- Et enfin, les policiers, les psychologues… car la simple formulation d’une question peut conduire à se souvenir sincèrement de ce qui n’existe pas, précisait Elisabeth Loftus [5] lors de ses premières recherches. Elle a montré avec quelle facilité il était possible de suggérer de faux souvenirs par simple manipulation mentale. Ce professeur de psychologie à l’Université de Washington et présidente de l’Association américaine de psychologie fut la première à apporter les preuves les plus connues [6]. Elle a travaillé, entre autres études, sur la production d’images fausses par des processus simples de suggestion. « Par plusieurs centaines d’expériences sur plus de vingt mille personnes », elle a montré « que l’exposition à de fausses informations altère la mémoire [7]. »


Plusieurs de ses expériences sont significatives à ce sujet.

Elle a raconté brièvement à des volontaires le souvenir d’un proche : ils s’étaient perdus dans un centre commercial à l’âge de 4 ans. Bien entendu, l’événement était faux. Pourtant, une bonne partie des testés a tout de même réussi à raconter les circonstances de son égarement, ses peurs… jusqu’aux retrouvailles avec les parents [8].


Dans un autre contexte, cette chercheuse en psychologie a réalisé un trucage photographique pour introduire dans un album de famille une photographie représentant la personne testée dans une montgolfière [9]. Seule cette image était fausse. Elle demande alors de commenter les images, de raconter les souvenirs d’enfance… et une bonne partie en voyant la photo truquée s’est mise à raconter l’événement avec force détails. Simple «inflation de l’imagination [10] ».


Le « bunny effect » est encore plus significatif. Une affiche de Disneyland a été envoyée avec l’image de Bugs Bunny [11] à des personnes volontaires ayant visité ce parc d’attraction dans leur enfance. Interrogées quelques mois plus tard, 62% des adultes se rappelaient avoir serré la main de Bugs Bunny, 46% l’ontserré dans leurs bras et 69% lui ont touché l’oreille. Or, ses souvenirs sont « impossibles ». Bugs Bunny appartient à la société WARNER BROS, non à la société Disney, et il donc impossible que ce gentil lapin soit apparu à Disneyland. Tout a été inventé [12].


Pire encore. Julia Shaw et Peter Porter ont réalisé en 2015 une expérience sur 60 sujets. En trois séances de 40 minutes, ils ont réussi, pour 76% d’entre eux, à leur faire avouer avec des détails un délit qu’ils n’avaient pas commis. Même des aveux ne sont pas toujours vrais [13]. Leur faire admettre ensuite qu’il s’agissait d’un faux souvenir a été très difficile. Là encore, l’erreur a ses raisons que la raison ne connaît pas.


Dans la mesure où le Père T. se considère innocent, dément les abus dont on l’accuse, que pouvaient espérer les Voix Libérées en le forçant à avouer, en le sollicitant régulièrement sur le même terrain, en revenant sur le même sujet ? Un faux aveu induit… par manipulation mentale involontaire ? Belle avancée !


Des centaines d’expériences ont montré qu’il était facile d’implanter ou d’avoir des souvenirs d’évènements tels qu’ils n’ont jamais pu se dérouler. Des souvenirs du premier jour de la vie pourraient être induits [14]. Des chercheurs ont même réussi à créer de faux souvenirs chez des souris en laboratoire [15]. Ainsi, toutes les études convergent vers la même conclusion résumée dans le titre d’une émission d’Arte [16] : « Je me souviens donc je me trompe ».


Je me souviens donc je me trompe.

Lorsque, par exemple, un plaignant des Voix Libérées évoque une séance vidéo malsaine, il est confronté à un faux souvenir : il n’y avait pas de lecteur vidéo à cette époque et à cet endroit. Un plaignant déclare une série d’abus, justement à une période où le Père T. était souvent absent accaparé par les pèlerinages et surtout les Petit Chanteurs à la Croix de Bois (en vue d’une éventuelle reprise de la direction). D’anciens petits chanteurs peuvent même témoigner de leur inquiétude, à l’époque, d’être « abandonnés » par leur directeur. La série et la fréquence des délits sont impossibles… faux souvenirs. Un autre raconte dans sa déposition aux gendarmes faire du rameur tout nu sous les yeux du prêtre. Or, il n’y a jamais eu chez lui ce genre d’appareil… Difficile, au bout du compte, après de nombreuses incohérences non mentionnées ici, de reconstituer la réalité ; le plus dur, ensuite, étant de résoudre les problèmes de dissonance cognitive qui en découlent.


Dans une autre expérimentation, par exemple, il a été demandé de raconter une farce (inventée pour l’expérience) faite pendant l’enfance. Force était alors de remarquer qu’elle devenait encore plus plausible en aidant les participants à se souvenir à l’aide de photos de classe. Qu’ont fait les Voix Libérées lors de leur rencontres si ce n’est d’échanger également sur leur passé en apportant leurs photos souvenirs ? Quel effet « inflationniste » ces supports ont-ils alors eu ?


La mémoire peut donc être aisément manipulée et malheureusement des thérapeutes peuvent avoir une influence problématique lors de la recherche de souvenirs dits « refoulés ».

Arrive en France depuis quelques années le phénomène… et le problème des souvenirs induits qui s’est répandu aux Etats-Unis dans les années 80-90. Lors des séances dites thérapeutiques, beaucoup de praticiens TMR (Théorie de la Mémoire retrouvée) guident par leurs questions, de façon plus ou moins suggestive [17], la construction de faux souvenirs. Postulant que les troubles psychiques proviennent de souvenirs oubliés, ils forcent la mémoire à retrouver la « réminiscence inconsciente », le « souvenir refoulé ». Tous les moyens peuvent alors sembler bons.


Cette théorie repose sur les notions d’inconscient et le refoulement, ou encore sur la séduction (fantasme œdipien) qui, au demeurant, n’ont aucune valeur. Pour les auteurs du livre noir de la psychanalyse [18], « du point de vue scientifique, ces deux théories sont aussi spéculatives, arbitraires, invérifiables l’une que l’autre. »


Pourtant, les mouvements féministes des années 70, aux Etats-Unis, se sont vivement opposés à ces conclusions et, au cœur de leurs dénis, le « syndrome des faux souvenirs » a émergé. Il trouve sa plus claire expression dans un ouvrage phare : «The courage to heal [19]». Dans cet ouvrage réédité pour la vingtième fois en 2008, la cause des difficultés existentielles vient d’un abus sexuel subit durant l’enfance. Le remède est alors simple : il suffit de retrouver le « souvenir », trouver le coupable, l’accuser, et lui faire payer son crime. La preuve de courage sera ainsi faite. Une longue liste de causes d’abus y est ainsi déroulée. Dans cette croyance au refoulement, le récit du souvenir amène la guérison. Cependant, après l’induction d’un faux souvenir, une question demeure : comment guérir de quelque chose qui n’a pas eu lieu ?


En 1992, par exemple, Beth Rutherford infirmière dans le Missouri, après des souvenirs induits en thérapie accuse son père (qui au passage perd son emploi) de viols répétés… Or, des examens médicaux au cours de l’enquête révèlent qu’elle est encore vierge et que son père avait subi une vasectomie avant les événements incriminés. Elle tirera elle-même les conclusions de ce désastre : « c’est comme si l’on entrait chez le médecin avec une migraine et que l’on en sortait amputée de ses bras et de ses jambes ».


Face à ce qu’il a été convenu d’appeler la guerre des souvenirs [20], tant les procès inutiles se sont succédées en Amérique [21], tant le phénomène envahi la France [22], trois postulats sur lesquels se fondent les principes de la TMR ont toujours été dénoncés. Ils sont tirés des 50 grands mythes de la psychologie populaire [23].


Mythe 2 : les victimes sont crédibles quand elles s’expriment avec émotion.

Mythe 11 : la mémoire humaine fonctionne comme un enregistreur ou une caméra vidéo stockant avec précision les événements vécus.

Mythe 13 : les individus refoulent les souvenirs d’expériences traumatisantes.


En effet, des études ont tendance à montrer le contraire [24]. Plus l’événement est traumatisant, plus le souvenir est durable. Ce qui s’estompe et n’est pas clair, ce sont les circonstances, les détails qui entourent l’événement. Quand un plaignant des Voix libérées déclare qu’il ne peut décrire ce qu’il s’est passé mais qu’il se souvient qu’il a eu mal, son témoignage va à contre–courant de conclusions scientifiques convergentes.


Des associations en France lutte contre la TMR, l’AFSI [25] (Alerte faux souvenirs induits), le CCMM [26] (Centre contre les manipulations mentales), l’UNADFI, le GEMPPI [27]… mais force est de reconnaitre qu’elles n’ont pas la même aura médiatique qu’une Murielle Salmona qui a mis sur le devant de la scène, ou plutôt mis au goût du jour, une approche pour le moins militante (Cf. Articles précédents du CDD [28]). Les Voix Libérées ont emboîté le pas des dénonciatrices en série, imprégnées de cette idéologie néfaste au regard de l’histoire américaine. Combien d’innocent ont été jugés et condamnés sur la base de revendications calomnieuses ?


Il conviendrait donc d’évaluer la part de responsabilité des thérapeutes qui ont accompagné certains plaignants. Deux d’entre eux ont engagé leur action dans la continuité de leurs soins. Comment se sont déroulées leurs séances ? Quel protocole leur « psy » a-t-il suivi ? N’ayant que sa douleur à faire valoir comme preuve, Gilles Martin a clairement affirmé son envie de faire payer le Père T. Il s’est confronté à lui dans l’élan de ses séances, par courrier et par un dépôt de plainte. Pourquoi si ce n’est pour aller mieux… comme le suggère la TMR ? Chez les Voix Libérées, dans la plupart des témoignages, les plaignants font d’eux-mêmes le lien entre leur état et les événements racontés, comme si aucune autre cause n’était possible. D’où et comment tiennent-ils cette certitude ? En attendant, leur « courage » a été largement salué, simple écho des conclusions du bestseller : The courage to heal.


Il convient de noter, pour nuancer l’approche, qu’en matière de stress post-traumatique, Les neurosciences auraient validé le processus de la dissociation traumatique [29]. En cas d’événement traumatique, le psychisme active un mécanisme de protection : sont alors enfouis dans l’inconscient les faits et les souvenirs. Inaccessibles, ils peuvent ressurgir à la faveur d’un moment déclencheur. En d’autres termes le « corps garde le score [30] ». Mais, la précision s’arrête là, dans la mesure où aucun des témoignages des plaignants n’entrent dans ce cas de figure. Aucun événement déclencheur n’est signalé et aucun des abus exposés n’a conduit à la « sidération » propre à ce mécanisme « d’enfouissement » dans l’inconscient. Bref, l’amnésie dissociative traumatique ne concerne visiblement pas les Voix Libérées.

Accuser et condamner publiquement un homme sur la seule base du souvenir sans aucune corroboration s’avère par conséquent particulièrement dangereux, inconséquent et irresponsable.

Accuser et condamner publiquement un homme sur la seule base du souvenir sans aucune corroboration s’avère par conséquent particulièrement dangereux, inconséquent et irresponsable. Certes, un faux souvenir ne peut pas être considéré comme un mensonge. Le patient qui les évoque est sincère et croit réellement être dans le vrai. En revanche, le meneur des Voix Libérées, l’archevêque de Tours, les médias [31] et les soutiens qui naviguent sur le même courant idéologique plus ou moins délibérément, mesurent-ils les conséquences de leurs prises de position et de leurs actions ? « Il a également été constaté que les patients qui se rétractent – ​​après avoir décidé que leurs souvenirs retrouvés sont faux – peuvent avoir un trouble de stress post-traumatique dû au traumatisme de souvenirs illusoires [32]. » En outre, si les souvenirs d’un plaignants peuvent être facilement induits, donc faux, comment peut-on admettre, d’un point de vue juridique, le principe de la présomption de vraisemblance ? Croire sur parole un accusateur est-il finalement le meilleur service à lui rendre [33] ?


Les critères de clarté, précision, vivacité, émotion qui accompagnent le récit ne sont pas probants. Un faux souvenir peut avoir ces mêmes caractéristiques. La force de conviction ne réduit pas l’erreur. Sans corroboration indépendante [34], il est impossible de démêler le vrai du faux. Autrement dit, a-t-on cherché à retrouver le « rapport minoritaire » dans l’affaire des Voix libérées ? Dans la presse et certainement chez les gendarmes, le travail d’enquête s’est toujours réalisé à charge contre le Père T. Jamais, ou presque, la validation des déclarations et le recoupement systématique des déclarations n’ont été opérés. Or, la réinterprétation d’une pratique médicale sous le prisme de l’abus reste l’explication la plus probante et cohérente dans cette affaire. Sans amnésie traumatique et 50 ans après, comment expliquer cette soudaine « prise de conscience » ? Comment expliquer, par exemple, qu’un plaignant proche du père T., après avoir contesté les accusations médiatiques, finissent lui-même par se les approprier ?


Au-delà des protagonistes de l’affaire des Voix libérées, le bilan de ces connaissances scientifiques semble également échapper aux juristes. Une étude d’Olivier Dodier et Mélany Payoux de 2017 montre que « les psychologues et psychiatres experts au tribunal ont des connaissances limités concernant le fonctionnement de la mémoire, notamment celle des faits criminels. Plus précisément, les experts ont moins de connaissance que les praticiens non-experts. Pourtant, l’expression de croyances dans des rapports d’expertise au sein même des tribunaux lors d’une déposition peut avoir de graves conséquences sur les décisions de justice. En effet, juges comme jurés ne peuvent que s’appuyer sur les conclusions d’expertises, puisqu’il revient aux experts d’expliciter les processus mémoriels en jeu lors des faits criminels [35].

L’étude précise donc en résumé qu’il est clair que seuls quelques experts peuvent traiter efficacement les problèmes de mémoire se produisant dans les procédures judiciaires. Contrairement à d’autres pays occidentaux, un expert en mémoire judiciaire n’existe pas en France. […] plusieurs chercheurs français travaillant quotidiennement sur la mémoire de témoins pourraient constituer un atout considérable pour la justice française. La nomination de tels experts de la mémoire assurerait le respect de deux premières recommandations :


a) ne pas utiliser la psychanalyse comme cadre théorique fiable lorsqu’un cas se caractérise par un problème de mémoire, tout en garantissant la rigueur scientifique attendue ;

b) utiliser leurs connaissances pour répondre aux questions fréquemment posées par les magistrats sur des facteurs potentiels connus pour influencer la fiabilité des récits de victimes présumées [36]. »


Un grave déficit de connaissances s’avère préjudiciable à tous les niveaux, des associations jusqu’aux décideurs qui prononcent les sentences. En attendant, les associations militantes, les nombreux juristes associées à la cause des victimes sont plus gagnés par les théories de la mémoire retrouvée que porteur d’une information scientifique fiable et raisonnable. Derrière un militantisme pavé de bonnes intentions se cachent, à leur insu, peut-être, des enjeux politiques dont le débat sur l’allongement du délai de prescription en fait partie (Cf. Vidéo du Directeur adjoint de la Nouvelle république [37]).

Nous devons nous tourner vers des données bien établies, pas vers des intuitions viscérales.

En Novembre 2014, l’AFIS a publié un communiqué [38] pour attirer l’attention des députés sur un texte de loi qui ne tient pas compte de la connaissance scientifique accumulée sur le sujet et qui, au nom de bonnes intentions, pourrait en réalité avoir des conséquences dramatiques. « Nous devons nous tourner vers des données bien établies, précise le professeur Scott O. Lilienfeld, pas vers des intuitions viscérales. Nous devons distinguer les faits scientifiques de la fiction scientifique. Si nous ne le faisons pas, nous risquons de faire subir un préjudice grave à des personnes innocentes et à leurs familles. »


Dans la loi de Juillet 2018 qui allonge le délai de prescription de 30 ans après la majorité, la question des preuves permettant de corroborer les souvenirs n’a pas été évoquée. C’est dire si l’idéologie prend encore le pas sur la raison en la matière. Or, « en tant que société, ajoute E. Loftus, nous ferions bien de garder à l’esprit le fait que la mémoire – comme la liberté - est fragile. Pour Richard Mc Nally, « La thérapie de la mémoire retrouvée est la plus grave catastrophe qui ait frappé le domaine de la santé mentale depuis l’époque de la lobotomie. »

Si les Voix Libérées ne sont pas toutes passées par ces thérapies, tout conduit à penser que des mécanismes d’induction de faux souvenirs ont été activés. Tout enquêteur devrait donc évaluer le rôle « inducteur » joué par le meneur du collectif qui n’a eu de cesse de relancer des anciens chanteurs avec insistance et de solliciter des témoignages [39] ; évaluer le rôle de la presse, et l’influence des déclarations publiques favorisant l’auto victimisation. Combien n’ont fait que répéter les discours véhiculés dans la presse en conformant leur histoire au récit officiel, - du moins est-on poussé à le penser tant leur histoire n’entre pas en cohérence avec la réalité ? Toute ressemblance avec les idéologies modernes et totalitaire est-elle fortuite ? (Cf. articles précédents du CDD).


En définitive, dans un contexte de polarisation de la société, de surenchère « dénonciatoire » et d’affaires à grand bruit, de psychologie militante, de guerre des images et des représentations, de valorisation identitaire des abusés…, des voix se libèrent, les plaintes se multiplient dans une clameur victimaire, les vociférations accusatoires envahissent l’espace public permettant par le seul cri de la douleur d’engendrer du haro… des héros. Mais dans ces tonitruances médiatiques assourdissantes, la vigilance devrait maintenir l’esprit des responsables en éveil, la réserve devrait maintenir en alerte les enquêteurs avec cette question, comme tout détective face à une affaire aussi simple qu’insoluble : à qui profite le «scream » ?



NOTES

[2] Dans ce film, tout devient image. Les prédictions sont des visions. De multiples images traversent le récit, les souvenirs, des vidéos en trois dimensions, des publicités personnalisées… un monde individualisé où tout se contrôle par l’œil. L’omniprésence et la toute-puissance des images sont ici questionnées. Tout pousse à s’interroger sur la confiance à accorder aux images qui représentent le futur. La représentation de l’œil est récurrente pour montrer dans cet univers dystopique que l’œil est moins ce qui se voit que ce qui est vu. Les personnages n’accèdent à la réalité et la vérité qu’en s’aveuglant volontairement. La vue trompe…. Et, paradoxe du film, le monde y est entièrement visible, transparent et l’extrême visibilité devient une forme d’invisibilité. Les images se superposent sans possible distinction du vrai et du faux. Voilà matière à réfléchir sur un monde à venir dépassé par la substitution des représentations au réel.

[3] Ménory Hackers, « les pirates de la mémoire », PBS’s Nova documentary, Fev 2016.

[4] « La mémoire est une reconstruction d’une reconstruction, qui change en permanence. Pour chaque souvenir, il y a une chance de distorsion. » Eric Kandel, A la recherche de la Mémoire, Odile Jacob, 2007.

[5] Elisabeth Loftus, auteur de 20 livres, de plus de 400 publications scientifiques est reconnue comme l’une des meilleures expertes américaine de la mémoire. Ses travaux ont permis de révéler la malléabilité de la mémoire humaine. À ce titre, elle est intervenue dans plus de 200 procès aux Etats-Unis. Cf. https://en.wikipedia.org/wiki/Elizabeth_Loftus

[6] Elizabeth F. Loftus et Katherine Ketcham, Le syndrome des faux souvenirs, trad. Yves Champollion, Paris, Exergue, 1997. Elizabeth F. Loftus, « The reality of repressed memories », American Psychologist, 48 (1993) N°5, pages 518-537 ; Eyewitness Testimony, Cambridge & London, Harvard University Press, 1981 et 1996.

[7] Elizabeth F. Loftus, « Les faux souvenirs », Pour la science, 242 (décembre 1997), pages 34-40, p. 34.

A. R. Hopwood, Perdu dans le centre commercial et autres faux souvenirs, https://wellcomecollection.org/, 2019.

[10] Maryanne Garry, Charles G. Manning, Elizabeth F. Loftus & Steven J. Sherman, «Imagination Inflation : Imagining a Childhood Event Inflates Confidence That It Occurred », Psychonomic Bulletin and Review, 3 (1996) n° 2, p. 208-214.

[14] Dans une étude, l’existence d’un mobile au-dessus du berceau dans la maternité a pu être instillée par hypnose ou par l’intermédiaire d’une procédure de suggestion. 46 % des personnes hypnotisées et 56 % du groupe guidé se sont « souvenues » du mobile. E. Loftus ajoute, sans démonstration : « les souvenirs de la première année de la vie sont peu probables ». Elizabeth F. Loftus, « Les faux souvenirs », p. 40, commentaire N° 5.

[15] Cf. Steve Ramirez, Xu Liu, Pei-Ann Lin, Junghyup Suh, Michele Pignatelli, Roger L. Redondo, Tomás J. Ryan & Susumu Tonegawa, « Creating a False Memory in the Hippocampus », Science, 341 (26 juillet 2013) N° 6144, p. 387-391. La première étude expérimentale sur animaux montrant la possibilité d’induire chez eux de faux souvenirs.

[16] Arte, 10 décembre 2016 en coproduction avec le CNRS Images.

[17] La méthode de suggestion fait appel à l’imagination : elle demande au sujet de se représenter des scènes, parfois même de les raconter. Or, « le fait d’imaginer un événement le rend plus familier, et la familiarité serait alors faussement associée aux souvenirs d’enfance». A l’Université de Washington, Lynn Goff et Henry Roediger ont montré que « plus une personne passe de temps à imaginer une action non réalisée, plus elle juge ultérieurement que cette action a bien eu lieu ».

Elizabeth F. Loftus, « Les faux souvenirs », Pour la science, N°242, décembre 1997, pages 37-38.

[18] Mikkel Borch-Jacobsen, Jean Cottraux , Didier Pleux , Jacques Van Rillaer et autres, Le livre noir de la psychanalyse, les Arènes, 2005.

[19] Ellen Bass et Laura Davis, The Courage to Heal: A Guide for Women Survivors of Child Sexual Abuse, HarperPerennial, 1988 à 2008. Analyse critique du phénomène : https://en.wikipedia.org/wiki/Repressed_memory

[20] Dans une violente polémique outre-Atlantique, les tenants du Mouvement des souvenirs retrouvés (Recovery Movement) s’opposent depuis quelques années aux partisans de la Fondation du syndrome des faux souvenirs (False Memory Syndrome Fondation). Pour le premier, les souvenirs traumatiques qui remontent traduisent la vérité historique et sont suffisants pour accuser les agresseurs quand pour les autres, la mémoire produit après-coup des souvenirs inauthentiques. Cf. Graham Gorman, « The recovered memory controversy. A new perspective », European Journal of Clinical Hypnosis, 8 (2008) n° 1, p. 22-31.

La régression de la querelle d’un côté de l’atlantique n’a pas empêché, de l’autre côté, un regain de considération pour les « souvenirs retrouvés », en particulier en France. Le documentaire de Flavie Flament du 15 novembre 2017 intitulé Viol sur mineurs : mon combat contre l’oubli, a commencé à sensibiliser – voire imprégner - l’opinion public sur son viol à l’âge de 13 ans, son amnésie traumatique, ses souvenirs en thérapie à 35 ans. Elle a été désignée par la suite experte par la ministre de la Famille Laurence Rossignol, et s’est vu attribuer une mission de consensus ministériel sur un éventuel allongement du délai de prescription des viols commis sur mineurs. Cette histoire a fait l’objet d’une vive contestation scientifique de l’AFIS : https://www.afis.org/L-exploitation-d-une-affaire-de-memoire-recuperee Dans la même période, la Mivilude (Mission interministérielle de vigilance et de lutte contre les dérives sectaires) mettait en garde contre les faux souvenirs induits par l’interprétation de résultats de certaines méthodes psychothérapeutiques.

[21] « Sur plus de 300 personnes disculpées depuis 1992, les trois quarts avaient été envoyées en prison sur la foi d’une mémoire défaillante de témoins oculaires »

Anne Debroise, « Les faux souvenirs ressemblent aux vrais », La Recherche – mensuel décembre 2013 – N°483, p. 40.

[22] « depuis que la parole s’est libérée sur le harcèlement et le viol, les centres d’accueil de victimes voient arriver de plus en plus de personnes en souffrance croyant à tort avoir été violées dans leur enfance ». Gérard Lopez, « Alerte aux "victimes" imaginaires », Cerveau & Psycho, N°99, mai 2018, pages 58-62, p. 58.

[23] Scott Lilienfeld, John Ruscio, Steven Jay Linn et Barry Beyerstein, 50 great myths of popular psychology, John Wiley & Sons Inc. 2009.

[24] « Depuis une quinzaine d’années, une autre ligne de recherche a créé des remous supplémentaires quant à certaines idées reçues. La théorie du refoulement est basée sur l’idée que certains événements sont trop difficiles à gérer sur le plan psychologique et que leur souvenir sera donc enfoui dans un quelconque « inconscient ». L’émoi qui y était associé survivrait, de façon non liée à son contenu initial, sous la forme d’angoisse « sans nom ». Or, les recherches sur la mémoire autobiographique, de façon consistante, ont livré des résultats qui contredisent cette vision : en général les souvenirs d’événements difficiles sont beaucoup mieux préservés que ceux des moments heureux (McHugh, 2008; McNally, 2003, 2007). Riche de ces données, on peut dire qu’il est très rare qu’un sujet efface le souvenir d’un événement traumatique vécu dans son enfance, et ce, aussi tôt qu’à 3 ou 4 ans (Lynn et coll., 2015; McNally, 2003). » Dr Hubert Van Gijseghem, psychologue, La détection de faux souvenirs, https://www.ordrepsy.qc.ca/, 2016.

[25] Les articles de l'AFIS, L'association AFSI recense de très nombreuses références et résumés d'articles scientifiques.

[29] Pascal Ide décrit le mécanisme sur son blog sans pour autant, parmi ses multiples références, citer directement de sources ou d’études sur le sujet : http://pascalide.fr/faux-souvenirs-et-vraie-conviction/#_ftnref16

[30] Pour le fondateur du Centre du trauma de Brookline dans le Massachusetts, Bessel van der Kolk, le corps ne ment pas. Ce psychiatre néerlandais en déduit que l’on peut se fier à l’apparition soudaine d’un flash-back associé à une réaction de peur. Cf. Bassel A. van der Kolk, « The body keeps the score. Memory and the evolving psychobiology of post-traumatic stress », Havard Review of Psychiatry, 1 (1994) n° 5, pages 253-265.

[33] Contrairement au point de vue issu de la TMR qui considère comme une violence supplémentaire le refus de croire une victime. Il convient semble-t-il de distinguer alors le cadre thérapeutique privé du cadre judiciaire public. Croire dans l’un n’a pas la même répercussion que dans l’autre.

[34] Selon les psychiatres Robert L. Sadoff et L. L. Dubin, toute réminiscence d’un souvenir réprimé doit être confirmée par des éléments objectifs : photos, écrits, témoignages, cadeaux. Ils requièrent même des certificats médicaux, surtout si le sujet envisage des suites judiciaires. Cf. Robert L. Sadoff & L. L. Dubin, « The use of hypnosis as a pretrial discovery tool in civil and criminal lawsuits », Cyril H. Wecht (éd.), Legal Medicine, Salem (New Hampshire), Butterworth Legal Publishers, 1990.

[35] Olivier Dodier et Mélany Payoux, Connaissance et croyances des psychologues et psychiatres experts judiciaires concernant les fonctionnements de la mémoire, L’année psychologique, Septembre 2017, pages 1 à 33.

[36] Olivier Dodier, The need for Mémory Experts in french courts, Journal of Forensic Psychology Research and Practice, 2018. DOI. 10.1080 / 247 32850.2018.1444912.

[39] Dans le reportage passé sur FR3 (indisponible en ligne), l’un deux précise bien que c’est après ses échanges avec le meneur qu’il a fini par se reconnaître comme une victime.



Références


(Liste loin d’être exhaustive, bien entendu, récoltée au passage, à destination de ceux qui trouvent encore l’approche scientifique du CDD « farfelue ». Beaucoup de références citées en notes comportent elles-mêmes leurs propres références.)








Actualité des faux souvenirs jusqu’en 2020 : http://www.psyfmfrance.fr/viuz.php


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