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Photo du rédacteurD. Jagou

Le discours militant des "Voix libérées" est-il volontaire ?

Les éléments de langages utilisés dans les revendications du collectif "Voix libérées" sèment le doute sur les intentions affichées. La démarche est-elle politique ou mimétique ?


Collectif voix libérées, metoo, même combat?

Le 8 décembre dernier paraissait dans La Nouvelle République un article rapportant des accusations d’agressions sexuelles contre le Père Bernard Tartu de la part d’anciens choristes de la Manécanterie dont il a eu la charge pendant près de cinquante ans. Cette révélation fut le point d’orgue d’une série d’articles et d’informations relayées par TV Tours, RCF et La Renaissance Lochoise qui n’ont pas manqué de troubler de nombreux fidèles, d’agiter les langues (sans pour autant les délier) et de laisser l’opinion publique dans une sidération inattendue, tiraillée en l’inimaginable et l’ « incontestable », pour ne pas dire « médusée ».


Une phrase revient souvent dans les articles : « Je tombe des nues ». C’est dire combien la surprise et le désarroi furent grands devant une telle nouvelle. Dans les « micros-trottoirs », un paroissien a déclaré ne pas vraiment savoir quoi penser de cette affaire. Aussi, pour répondre à cette attente si légitime, un recul s’impose.


La situation semble plus grave qu’il n’y paraît et les plaignants méritent que l’on s’arrête autrement sur leur sort. Ils se sont présentés autour d’un collectif « Voix libérées », en se plaçant dans une posture victimaire qui, tout en réclamant la justice et la vérité, les laisse dans le désarroi, ne leur permettant pas d’offrir autre chose au lecteur que du goudron et des plumes. Dans ce cas-là, la « voix » ainsi libérée est-elle la voie d’une véritable libération ?

Les acteurs tournent, le rôle reste.

En commentant la fabrication de l’information, Florence Aubenas précise pour bien des reportages : « Les acteurs tournent, le rôle reste [1]. » Le contenu de ces articles a donné à voir une pièce déjà joué ailleurs, en d’autres circonstances. En d’autres termes, cette manifestation médiatique semble plutôt s’inscrire dans le sillage de la mouvance #MeToo qui malgré ses apparences vertueuses, enferme la voix des plaignants dans une rhétorique standardisée qui les empêche d’exprimer leur singularité et le bien-fondé de leur démarche. S’inscrire dans une parole de masse, enrégimenté sous la bannière du « moi aussi » ne produit qu’une illusion de libération.


Dans ce qui ressemble plutôt, dans sa version française, à un #Balancetonpretre, les mots utilisés ne sont pas anodins dans la mesure où ils apparaissent comme les marqueurs idéologiques d’un lexique en définitive militant qu’il convient d’étudier pour en saisir la portée politique : « viol », « victime », « agression sexuelle », « prédateur », « emprise », «pédocriminel»… Il revient en temps normal au juge d’apprécier l’utilisation de ces termes qui ont une définition bien précise dans le code pénal. Malheureusement, l’auto-assignation d’une identité–victime à laquelle on assiste peut conduire à de graves confusions.

« Un meurtre sans cadavre ». L’expression renvoie directement au crime contre l’humanité

En voici une tirée de ce lexique : « Un meurtre sans cadavre ». L’expression renvoie directement au crime contre l’humanité dans la continuité des théories du psychologue Philippe Bessoles, qui définit le crime de viol comme un « génocide individuel [2] ». Cet oxymore peu convaincant se retrouve sur les pancartes brandies lors de manifestations #MeToo-féministes et s’intègre à la vulgate militante. Ainsi, avec un tel sophisme, l’agresseur devient l’avatar du bourreau nazi. L’injurieuse comparaison dépasse ici autant l’outrage que l’outrance. Les soins apportés dans son infirmerie font-ils de l’Abbé Tartu un Dr Mengele ? Insultant. Le néo-féminisme a introduit l’idée d’une intention génocidaire. Du « féminicide » à l’ « infanticide », il n’y a qu’un pas à franchir.


Mais l’insulte cache aussi une confusion plus grave entre le registre judiciaire et le registre historique sur les termes de « témoin » et de « témoignage ». Dans le prétoire, le témoin intervient dans le cadre d’une procédure. Sa parole s’accompagne de recherches d’éléments matériels de preuves. A la barre, elle se donne sous serment. En revanche, pour les historiens spécialisés dans les crimes de masse, le terme articule les registres de la mémoire des survivants. Le témoin est alors celui qui subsiste au-delà de l’extermination. Les récits ont une « valeur d’attestation [3] » de réalités historiques.


Dans une grande indifférence, la réalité des crimes de masse est ici invoquée de façon aberrante. Or, le nombre de victimes d’abus ne tiendra jamais la comparaison. Les récits de déportés se ressemblent parce qu’ils sont fondés sur une expérience commune. Les récits de #MeToo concordent simplement parce qu’ils se recopient. En attendant, cette logique révèle un négationnisme dans lequel, comme le montrent les historiens, le critère de vérité se définit en fonction du degré d’adhésion qu’il est capable de susciter. Le discours le plus accepté est donc le plus « vrai ».

La voix du plus fort est toujours la meilleure, surtout quand la meute peut la reprendre en chœur.

Faisant suite aux publications de la commission Sauvé (en l’occurrence discutée [4]), les plaignants se situent dans une « masse » appelée à grandir. L’un d’eux ne demande-t-il pas combien ils seront à la fin de l’année ? Dans cette démarche performative, le nombre justifie la valeur des déclarations avancées. Pour paraphraser La Fontaine dans une sinistre fable, « la voix du plus fort est toujours la meilleure », surtout quand la meute peut la reprendre en chœur. On considère ainsi comme une vérité ce que le nouveau récit impose. Le récit des victimes autoproclamées devient la source exclusive de vérité.


Dans ce contexte, le besoin de vérité tant déclamé tout au long des articles est-il quantitatif ou qualitatif ? A quelle question faut-il apporter des réponses ? Combien sont passés par l’infirmerie du Père Tartu ? - ou alors – Que s’est-il vraiment passé dans l’infirmerie ?


Ces distorsions de langage mettent à jour les termes d’une propagande propre à tout totalitarisme. Et, à l’émotion, s’ajoute la répétition qui fait du slogan une prise de pouvoir. Chaque jour, un article, une localité où l’Abbé Tartu a eu des responsabilités : Loches, Amboise, Tours, Chinon, sans compter ses connaissances. Or, pour quelqu’un d’avisé, un tel discours ne peut pas se substituer au réel et la magie de la performativité ne peut opérer. Sinon, la question de la vérité se noie dans la totale et toute-puissance de l’identité-victime.

Dans les procès staliniens, le refus d’avouer est une preuve doublement accablante de la culpabilité. Les connaissances de l’Abbé Tartu ont reçu ses négations en bloc comme « un coup de poing à l’estomac ». L’indignation s’accentue alors et se retourne contre l’accusé. Avec cette manière de faire, dans un procès en sorcellerie, l’inquisiteur gagne toujours son procès.

« La honte doit changer de camp ». Il existe donc par définition des camps, forcément ennemis dans une perception manichéenne de la société.

Dans cette guerre du récit, le reportage de TV Tours se termine par une expression qui a fait flores dans la mouvance #MeToo : « La honte doit changer de camp ». Il existe donc par définition des camps, forcément ennemis dans une perception manichéenne de la société. L’effet de foule (ou de meute) visant à impressionner le plus grand nombre peut alors se muer en projet punitif révolutionnaire pour que les « têtes tombent [5] ». Une nouvelle justice fondée sur le ressenti traumatique peut se faire jour face à une nécessaire intention prédatrice du mis en cause. Or, la honte d’une victime n’a pas plus raison d’être que la « justice » du pilori. Sinon, il suffit de réactualiser les pancartes autour du cou des « saboteurs » de classe, exhibés aux foules dans la Chine révolutionnaire.


Se présenter comme une « proie » auto-visibilisée retourne la situation de domination. Le « prédateur sexuel » finit par être considéré comme une cible : La honte permute alors avec la fierté [6]. Le spectacle de la visibilité permet ainsi d’accomplir cette inversion de puissance. La revendication identitaire fait du « moi aussi » un « geste d’affirmation et d’affiliation, un acte de foi d’un crédo identitaire [7] articulé à la production de la catégorie de « minorité » oppressée. La tendance à absolutiser l’interprétation du plaignant force à considérer l’expression de la douleur comme garantie de la véracité des faits allégués. La réalité psychologique se mêle à la réalité extérieure pour établir une « vérité » cruellement contestable. Rappelons que la preuve par le ressenti est dangereuse en matière pénale.

Fondé sur une logique identitariste, tout ce discours s’inscrit dans les mouvements de luttes dites « intersectionnelles ».

Fondé sur une logique identitariste, tout ce discours s’inscrit dans les mouvements de luttes dites « intersectionnelles [8] » dont il convient de considérer les modes opératoires et les finalités.


Les raisonnements se fondent sur un sophisme de généralisation. Dans l’exemple de la pomme pourrie dans le panier, l’adage considère que le fruit contamine les autres. Au bout d’un certain temps, tout le panier sera pourri. Dans la logique #MeToo, parce qu’une seule pomme est pourri, « la » pomme en soi est un fruit malsain. Qui plus est, cette logique institue un « continuum » en mutualisant les types d’agression pour en faire une épreuve continue, donc immense, donc accablante, donc à dénoncer personnellement sans jamais tenir compte du degré de l’épreuve subie. Celui qui vole un œuf ou un bœuf reste toujours un voleur à condamner en tant que tel, et non en fonction du préjudice réellement causé.


Dans cet irrépressible crescendo des dénonciations, la voix du « moi aussi » censée libérer la parole, en la soumettant à une logique militante, fausse le rapport aux expériences particulières et à l’écoute [9]. La variété des expériences, des plus terribles aux plus anodines (voire imaginaire) se mêlent et s’effacent dans la cacophonie de la contagion victimaire dans laquelle les « meetoomanes » se complaisent à entendre le chant des Sirènes.


« Là se dévoile le caractère passablement marécageux de la transitivité généralisée qui constitue le fond de la logique #MeToo, plus soucieuse d’impressionner et d’échauffer les foules médusées que de discriminer le vrai du faux [10]. » L’ajout des témoignages vise à renverser une omerta présumée, prétendument fondée sur une « culture du viol [11] » à combattre. Et à partir de là, l’espace justicier se substitue à l’espace judiciaire [12].


Sont alors contestés les principes fondamentaux de l’Etat de droit, principes mêmes de cette culture de viol, et, par extension, la justice [13] qui en est le vecteur. Il suffit alors d’utiliser les ressources offertes par la démocratie et tous les droits qu’elle garantit pour mieux en détruire les fondements jugés « patriarcaux ». Car l’objectif est bien là : en finir avec le « socle patriarcal [14] ».

L’objectif est bien là : en finir avec le « socle patriarcal »

Pour Sabine Prokhoris [15], s’impose « une seule injonction donc : écartez le réel, non pour y revenir par l’effet d’une mise à distance méthodologique permettant de l’analyser, mais pour s’en débarrasser une bonne fois pour toutes. Coupez avec toute détermination historique, avec toute aspiration qui en serait contaminée. Sur la « page blanche [16] », on doit écrire une histoire entièrement formatée par la théorie. Par cela s’éclaire aussi l’intensité surprenante de la haine qui s’est exprimée, comme en roue libre, dans nombre d’épisodes #MeToo […] ».


Les plaignants contre le Père Tartu ont bien souligné le problème de la prescription et laissé paraître leur désarroi face à une justice dont les procédures n’entendent pas vraiment leur souffrance [17]. Dans ces conditions, la justice semble arbitrairement faite pour protéger l’immunité des prédateurs, ce qui appelle un règlement extra-judiciaire des violences. Aussi, derrière leur désir affiché de justice, derrière les expressions répétées «que justice se fasse», que faut-il entendre ? Un désir de vengeance, l’affirmation d’une justice « injuste »… et donc le besoin de recourir à une exécution médiatique ? On veut « s’assurer que cela ne se reproduise pas ». Mais aucune solution n’est proposée si ce n’est une logique de purge ou de réforme de l’institution ecclésiale.


Dans son livre, Sabine Prokhoris décrit une guerre en passe d’être gagnée puisque nombre d’élites et d’hommes politiques s’en font l’écho et que l’évolution législative lui emboîte le pas. Dans cette lente et radicale mue de la société [18], dans cette révolution culturelle [19] totale pour faire advenir un « brave new world », la démocratie est menacée [20]. A bon entendeur, salut !

Comment, dans une confusion bruyante et unanime accueillir, écouter et accompagner vraiment des victimes [...] ?

En attendant, l’illusion d’une solution médiatique vertueuse complique le problème. «Comment, déclare l’autrice, dans une confusion bruyante et unanime accueillir, écouter et accompagner vraiment des victimes, sans les assigner à une Cause qui en réalité les dépossède (et les possède) pour d’incertains bénéfices […] ? Comment démêler sereinement, sérieusement, avec la patience et la délicatesse requises, pour le moins compromises par l’escalade médiatique de plus en plus irresponsable autour de ces affaires, les accusations véridiques de celles qui procèdent d’une flambée médiatique exaspérée, prospérant dans le bouillon de culture méphitique de l’excitation sexuelle/judiciaire [21] ? »


Certains ont déjà injustement fait les frais de ces philippiques incontrôlées et mortelles : David Hamilton, le chef Taku Sekine, Liam Scarlett… et dans la file qui s’allonge, le Père Tartu ne serait-il pas un « coupable presque parfait [22] », trop parfait ?


« J’aimerais participer à la restauration de l’Eglise, dit un des plaignants, qu’est-ce qu’on fait ensemble ? » Comment interpréter ce désir ? Une investigation plus poussée mériterait de préciser les intentions des protagonistes. Avec la presse, un jeu d’instrumentalisation s’est-il mis en place ? Les postures de ces anciens Petits Chanteurs ne sont pas claires. Ont-ils voulu délibérément s’inscrire dans cette dynamique aux fondements révolutionnaires, la revendiquent-ils ou ont-ils simplement fait preuve d’un psittacisme qui étouffe la singularité de leur « voix » ? Dans les deux cas, les plaignants sont à plaindre.


Il conviendrait mieux de savoir raison garder en évitant de se soumettre à la déstructurante «dictature de l’émotion [23] ». Tout le monde ignore le différend qui oppose les plaignants au Père Tartu. Et cela doit rester ainsi. Il conviendrait mieux de refermer au plus vite la boîte de Pandore de la rumeur et de la haine. Un retour à la sérénité d’un vrai débat contradictoire dans le cadre neutre et feutré du prétoire reste encore la meilleure issue à cette crise qui jette le trouble en Touraine et par extension continue d’ébranler les fondements de notre civilisation.


Dans cette approche médiatico-politique, les chrétiens seraient naïfs de ne pas y voir une menace. Il est bien-entendu hors de question de nier la culture du silence [24] qui nuit gravement au message évangélique. Nous ne contestons pas l’idée que l’Eglise ait besoin d’un changement. Elle a toujours su se renouveler au fil de sa longue histoire. Elle saura certainement encore le faire.


Cependant, pour conclure plus prosaïquement, sous la puissance de cette pression médiatique, il ne faudrait pas jeter le bébé avec l’eau du bain. Pour les fidèles, en cette période de la Nativité, il serait même effroyable d’imaginer que ce bébé puisse être… l’Enfant Jésus.



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NOTES

[1] Florence Aubenas et Michel Benasayag, La fabrication de l’information, 1999, éditions La Découverte.

[2] « Crime sans cadavre, le viol est un meurtre qui laisse la victime vivante. Il assigne à la torture tel un matricule tatoué à l’avant-bras, à cette différence qu’il n’y a pas mieux que le sexe pour réduire l’Autre au simple commentaire de son esclavage […]. » Philippe Bessoles, Viol et identité. Un génocide individuel, Saint-Martin-de-Blagny, MJW Fédition, 2009.

[3] Entretien de Philippe Bessoles avec Charles Illouz et Laurent Vidal, « L’historien et l’avocat du diable », Genèses n°34, Belin, 2004, p. 112-129.

[5] Pour information, Ronan Farrow, journaliste vedette du mouvement #MeToo a intitulé son livre en 2019 : « Katch and Kill ».

[6] On pourra à ce sujet se demander comment interpréter la pose des plaignants devant les photographes. Dans un article de Magcentre du 6 octobre 2022, ils reconnaissent " faire le show dans les médias ".

[7] Cf. Laurent Dubreuil, La dictature des identités, Paris, Gallimard, 2019.

[8] Le concept d’intersectionnalité a été théorisé à la fin des années 1980 par la féministe américaine et professeur de droit Kimberlé Crenshaw. Son postulat : pour mieux penser les inégalités dont les femmes sont victimes et agir contre elles, il faut se déprendre d’une vision uniformisée des expériences vécues pour se tourner vers une approche plurielle des dominations. Cet « outil d’analyse » pose l’existence de multiples foyers d’oppression : la classe sociale, la race, le « genre » (l’identité sexuée), l’orientation sexuelle ou encore le handicap, sans oublier la religion… Ces sources de domination pouvant se conjuguer, des luttes conjointes ou croisées sont alors indispensables. Ces combats portent en eux l’utopie universaliste d’un combat permanent contre toutes les dominations axé sur la dénonciation des structures de pouvoirs. Cf. L’intersectionnalité contre l’intersection : https://www.cairn.info/revue-raisons-politiques-2015-2-page-55.htm ; « L’intersectionnalité ne segmente pas les luttes, elle les articule » sur Usbeck et Rica : https://usbeketrica.com/fr/article/l-intersectionnalite-ne-segmente-pas-les-luttes-elle-les-articule

[9] Cf. http://www.goldman-avocats.fr/wp-content/uploads/2020/08/tribune-le-monde-8-3-20.pdf : « Présumer de la bonne foi de toute femme se déclarant victime de violences sexuelles reviendrait à sacraliser arbitrairement sa parole, en aucun cas à la « libérer » ; paru dans le Monde : https://www.lemonde.fr/idees/article/2020/03/08/justice-aucune-accusation-n-est-jamais-la-preuve-de-rien-il-suffirait-sinon-d-assener-sa-seule-verite-pour-prouver-et-condamner_6032223_3232.html

[10] Sabine Prokhoris, Le mirage #MeToo, Le cherche midi, Paris, 2021, 356 p. Page 301.

[12] Et Alice Coffin d’ajouter page 296 de son livre : « Je ne dis jamais que les hommes ont tout à gagner au féminisme. C’est faux. Ils ont tout à perdre. Leurs privilèges, leurs monopoles, leur pouvoir. C’est un combat, nous ne le menons pas ensemble. Ce sera le cas lorsque les hommes quitteront un à un leurs postes pour les laisser aux femmes, accepteront d’entendre les souffrances qu’ils causent et paieront ? Il faut qu’ils paient. Ce n’est pas un cri de vengeance, je n’aspire à faire souffrir personne, c’est une nécessité. Il n’y a pas d’autres moyens d’arrêter l’hécatombe. Les hommes vont perdre, beaucoup, si l’on veut qu’elle cesse. https://www.grasset.fr/livres/le-genie-lesbien-9782246821779

[13] Dans une tribune intitulée « la Protection de l’Etat de droit pour toute.s » dans la revue Dalloz Actualité du 11 mars 2020, un collectif de juristes pose une pétition de principe : « à côté de l’institution judiciaire, coupable envers les femmes dont la parole compterait pour rien, à côté d’une justice qui est « injustice », un espace plus spécifique, plus adapté aux dénonciations et aveux que l’on souhaite diffuser, est nécessaire. » « Le pénal et le judiciaire sont en échec dans le traitement des violences sexistes et sexuelles ». Ces juristes se donnent pour tâche et ambition philosophico-politique d’ « interroger la norme, sa légitimité et sa mise en œuvre dans le champ judiciaire. Ici l’ordre patriarcal […] » - cet « ordre patriarcal » censé informer de part en part le système judiciaire -, et de repérer dans le champ judiciaire, grâce à cette approche généraliste des phénomènes, « les mécanismes usuels de domination, d’isolement et de silenciation des femmes et des filles. » Cité dans Sabine Prokhoris, Le mirage #MeToo, Le cherche midi, Paris, 2021, 356 p. Pages 110-113.

[15] Sabine Prokhoris, Le mirage #MeToo, Le cherche midi, Paris, 2021, 356 p. Page 176.

[16] Est-il nécessaire d’évoquer le besoin de « casser » le patriarcat de Sabine von Saarloos : « nous avons besoin de l’oubli queer, pour casser ces habitudes. C’est une stratégie : oublier de créer une famille et de passer un héritage. Oublier nous donne un potentiel de radicalité, la possibilité d’une page blanche. » https://www.lefigaro.fr/international/suppression-du-genre-en-catimini-les-pays-bas-entament-leur-revolution-20200807

[19] Le pouvoir est remis en cause comme lieu de production de normes hiérarchiques. « Ce courant […], qui loin d'être purement plaintif, entend renverser le «monde d'avant» au profit d'un monde nouveau en éclosion, multiculturel, sans hiérarchie apparente ni rôles attribués,[…]. » https://www.lefigaro.fr/vox/societe/2018/01/26/31003-20180126ARTFIG00198-antoine-menuisier-meetoo-veut-faire-tomber-l-aristocratie-du-feminisme.php

[21] Sabine Prokhoris, Le mirage #MeToo, Le cherche midi, Paris, 2021, 356 p. Page 305.





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