En décembre 2022, lors d’une émission consacrée aux abus dans l’Eglise catholique, KTO a réuni sur son plateau des personnalités variées pour tenter d’apporter des repères essentiels. Malgré la pertinence de certains intervenants, le CDD a tenu à faire part de son indignation face à des imprécisions et des positions très discutables.
Monsieur,
Permettez-moi de réagir à votre émission publiée le 10/12/2022 sur le thème de la lutte contre les abus que je viens de découvrir. Sur un sujet si complexe souvent traité de façon confuse et simpliste, on ne peut qu’apprécier le rappel de vos intervenants juristes sur la prescription et la présomption d’innocence. Le besoin de justice dans les situations évoquées est grand mais les procédures qui en garantissent l’équité et la vérité sont souvent méconnues. Ce bref rappel, peu mis en évidence dans les médias, est un point de départ qui aurait mérité quelques développements.
De fait, le volet sur la « mécanique psychologique » annoncé dans le chapeau de votre page web vire, à mes yeux, au n’importe quoi avec la présence de Benoît G. sur le plateau. Aussi, je m’inscris en faux contre certains de ses propos. Il n’a pas porté plainte à cause de l’appel d’une mère et du suicide de son fils. Sur France 3 Centre Val de Loire, dans un reportage de février 2022 (malheureusement indisponible maintenant), il le fait après un entretien avec le meneur des Voix Libérées.
En outre, le prêtre incriminé n’était plus « responsable de jeunes enfants » depuis longtemps. Comment votre invité peut-il dire qu’il « s’oppose à ce qui pourrait se passer » ? Le curé était à la retraite chez des sœurs, en maison de retraite, sans apostolat. Il se plaint en outre de rencontrer une « agressivité forte » en cherchant des témoins alors que son collectif n’a cessé de déverser sa violence diffamatoire par courriels auprès des anciens petits chanteurs qui, dans leur majorité, ne veulent aller sur ce terrain. Il porte plainte pour sauver des vies, or, plus personne n’était menacé depuis longtemps, si tant est que la culpabilité et la menace fussent prouvées.
Mais le comble reste sa justification, a priori, de la « présomption de non innocence » à cause de son collectif. Il aurait été honnête de sa part de mentionner un autre collectif d’anciens petits chanteurs – Le collectif du doute - auquel j’appartiens et dont l’existence devrait rappeler que la présomption d’innocence est plus que requise si l’on veut un tant soit peu voir une véritable justice s’exercer. Les Voix Libérées sont 50 ? Et que fait-on des 950 autres qui ne les suivent pas ?
Depuis le début de la campagne médiatique calomnieuse à laquelle il participe, nombre de mensonges ont été diffusés dans une affaire dont la complexité ne permet pas les raccourcis auxquels il se livre.
A juste titre, le Père Boudet évoque le problème de la mémoire. Sur ce point, aucun scientifique n’est interrogé. Jamais. Et pourtant, lorsque des accusations et des plaintes sont proférées, la justice élémentaire demande des vérifications et le cas échéant une expertise psychologique. C’est démontré : plus le temps passe, moins la mémoire reconstitue fiablement les faits, tout en portant la marque de l’abus (qui, lui, est beaucoup moins contestable). Menez votre propre recherche sur la question des « faux souvenirs », la « fausse mémoire » ou « encore les souvenirs induits » en psychologie. Peut-être prendrez-vous la mesure du débat qu’elle soulève et de sa complexité.
Dans cette affaire, beaucoup de contradictions ont été relevées, et, du reste, les témoins venant du collectif du doute n’ont pas été entendus. Et malgré ces incertitudes, il faudrait, selon lui, directement condamner ?
Vous trouverez tous les détails de cette affaire sur notre site internet qui offre des axes de lecture un peu plus à la hauteur de la complexité du problème. Nous vous serions reconnaissants d’en tenir compte à l’avenir.
En définitive, ne pouviez-vous pas inviter un témoin pour lequel l’agresseur, au moins, était reconnu coupable, ou avait reconnu les faits reprochés ? Ils ne manquent pas, je crois. Qui plus est, le sujet est suffisamment sérieux et grave pour ne pas mettre n’importe qui à l’écran. En le laissant parler ainsi, vous portez sans le savoir atteinte à la mémoire des Petits chanteurs de Touraine particulièrement salie par le « show médiatique » auquel son collectif se livre (Cf. Magcentre, troisième paragraphe). Un peu de décence voudrait qu’on attende les conclusions d’une enquête pour savoir à quoi s’en tenir et éventuellement en assurer une diffusion.
Quand les médias prendront-ils conscience du besoin d’un regard distancié sur les dérives accusatoires qui polluent la démocratie ? Pourquoi toujours répéter les lieux communs sans réflexion ? Mesurez-vous ce qui se joue véritablement ? Et alors, quel jeu y jouez-vous ? Du reste, quel jeu l’Eglise joue-t-elle vraiment ? Aurez-vous donc le professionnalisme suffisant pour considérer l’affaire dans son entier en lisant tous les articles du collectif du doute, ses références, y compris le discours aux journalistes et le dossier de presse ? Prendrez-vous alors le recul suffisant pour le traitement de ce type de sujet ?
Dans l’espoir de ne pas avoir écrit en vain, je vous prie d’agréer, cher Monsieur, l’expression de mes salutations distinguées.
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